LE DEVELOPPEMENT RURAL SELON MARCEL ZADY KESSY

Publié le par AYOKA

Il n'est plus à presenter, son combat pour le developpement local a fait ses preuves avec ,rappelez vous le village moderne de YACOLIDABOUA dans notre departement
Dans cette contribution,MARCEL ZADY KESSY partage avec vous sa vision du developpement rural.
certainement , le secret du succès de YACOLI.


Marcel-z.kessy-2.jpgMA VISION DE LA POLITIQUE DE  DEVELOPPEMENT RURAL
UNE CONTRIBUTION DE MARCEL ZADY KESSY
Source : www.ouyine.net
 
L'expérience OUYINE n'a rien d'une spéculation théorique. Elle est même tout le contraire. C'est une expérience qui colle au terrain.
De là lui vient sa force. De là lui vient aussi sa faiblesse. Et ce n'est pas spontanément que les bonnes voies ont été découvertes par OUYINE.
 Avant qu'elles ne le soient, que de gâchis ! Des conflits, la division, les haines paralysantes, la méfiance entre gens du même village et /ou de villages voisins, mais aussi, d'importantes sommes d'argent englouties sans résultat.
 Il s'agit donc, en la circonstance, de faire sans concession aucune, le choix du développement de proximité. Cela suppose du temps à mobiliser, l'acceptation d'échecs à répétition, l'aptitude à résister au découragement, l'obstination dans l'effort continu.
 
 De 1965 à 2000, pendant trente cinq ans donc, j'ai vécu et je continue de vivre passionnément une conviction qui m'a investi tout entier. Elle me dicte l'idée selon laquelle il n'est chance pour personne de concevoir une pensée économique et un modèle de développement conformes aux besoins et au génie de l'Afrique, hors la douleur d'une observation patiente, opiniâtre et à petite échelle du comportement et du réflexe sur la base de diverses opérations de développement de proximité, opérations suivies, contrôlées, évaluées sous différents angles et débattues, quel qu'en soit le résultat, avec les agents économiques ruraux eux-mêmes, c'est à dire les paysans. Je ne puis dire combien de fois j'ai failli renoncer, tant la force d'inertie du milieu m'avait désemparé.
 
Les premiers succès, après tant de déboires, c'est seulement en 1995 que je les ai enregistrés. Après analyse et pour la première fois, les raisons de ces succès tardifs mais si encourageants, semblent aujourd'hui m'apparaître très clairement. Dans les lignes qui suivent, je m'efforce de faire partager quelque peu cette douloureuse expérience de ce que j'appellerais volontiers le marathon du désespoir.
 
 
L'HOMME EST-IL PRET AU CHANGEMENT ? 
L'homme est-il prêt au changement ? Est-il disposé à abandonner l'ancien qui le sécurise pour s'ouvrir au nouveau qu'il se représente, et avec raison, comme une inconnue et donc comme une aventure ?
 
moi, bien d'autres responsables administratifs politiques et des opérateurs économiques : les paysans sont très conservateurs et toute innovation, fût-elle dans le sens du progrès et à leur profit leur apparaît comme une grave atteinte à leur liberté, à leur sécurité, à leur paix intérieure et donc à leur bonheur. Sur ce plan, les choses étaient à un point tel que j'en étais arrivé à me demander si ce que j'appelais, moi progrès n'était pas vécu par eux et intériorisé comme un désordre dans leur existence et une régression par rapport à leur quête du bonheur.
 
NOUS NE SOMMES PLUS LES  MEMES !                                                                                       
C'est sur la base de ce doute problématique et angoissant que je pris un jour la décision de m'arrêter, de faire le bilan et de me poser, de poser aussi aux paysans eux- même une question toute simple : " Au fond, vous autres paysans du village, que se passe-t- il au juste dans votre tête quand vous vous réveillez le matin et que vous devez affronter une nouvelle journée ? ".
C'est la réponse du chef SEREBO qui constitua le déclic par lequel un saut qualificatif se produisit dans mon cerveau, lequel me prédisposa tout entier à opérer la rupture d'avec mes vielles méthodes d'approche de la question paysanne.
Quand je me réveille, me répondit alors le chef SEREBO, mon souci, c'est ma toilette. D'abord l'une de mes femmes me donne un peu d'eau pour me nettoyer le visage, ensuite, elle me donne de l'eau chaude et je me lave. S'il y a ce jour là une affaire à juger, je me rends à l'endroit où se tient l'assemblée. Si ce n'est pas le cas, je mange la nourriture que ma femme a préparée. Je prends mes outils de travail, je les examine, j'aiguise hache, ciseaux et machettes avec ma lime ou sur la pierre prévue pour cela et je vais au champ.
Sur la route du champ, ou dans le champ même, il y a toujours mon palmier. C'est obligé que je m'y arrête pour me sentir bien. Je m'y arrête donc et je bois mon vin du matin. Je traite avec soin mon palmier (chauffage, nettoyage etc.) et je vais au travail.
 
Au champ, ma préoccupation, c'est de ne pas être en retard sur la saison. Je travaille donc dur et vite. A midi, je retourne au palmier. Je bois mon vin de midi, je me repose un peu et je reprends le travail. A seize heures, le travail est terminé pour cette journée. Je passe au palmier avant de rentrer au village. A l'entrée du village, je vérifie, par les bruits, paroles, cris et signes de tous ordres qui me parviennent ou que je perçois, qu'il n'y a rien d'anormal au village. Une fois au village, je me lave, je mange et je m'allonge dans ma cour pour me reposer, pour bavarder avec mes femmes et mes enfants ou avec des visiteurs. S'il n'y a ce soir-là ni manifestation artistique ou religieuse ni affaire à juger, eh bien ! Je rentre dans ma case et je dors. Le lendemain, c'est la même chose, sauf s'il y a un événement exceptionnel .Voilà ma vie au village "NON, le chef SEREBO et moi, nous sommes et demeurons des frères biologiques mais… je dois m'en convaincre. NOUS NE SOMMES PLUS LES MEMES ! Son espace est un et réconcilié, le mien est éclaté et tous mes tessons d'espace sont en conflit. Et ce n'est pas une hiérarchie que j'établis en proclamant cela.
 
 
NOUVELLE VISION DE MA POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL   
 
                                  
Pour moi, tout était clair désormais. Toute tentative de vouloir imposer à nos paysans des schémas de développement qui ne tiendraient pas compte de leur être fondamentalement conservateur et ritualiste serait vouée à l'échec. Il manquait un moteur valide au vieux train de banlieue et je ne comprenais pas moi, qu'il refusât de se mettre en mouvement. Je dis, le moteur de la vielle société est en panne.
Une fois donc la rupture idéologique opérée en moi, j'ai repensé toute l'organisation du village, du pays rural et du milieu paysan en tant que totalité et socle sans la reconstruction duquel le pays tout entier ne saurait véritablement retrouver ses marques ni , à plus forte raison, accéder au développement.
Dans cette nouvelle vision de ma politique de développement rural, j'ai été convaincu de l'idée selon laquelle le développement du milieu rural devait reposer sur huit piliers
 
1. ORGANISATION
   2. FORMATION ET INFORMATION
   3. PRODUCTION
   4. GESTION
   5. CONTRÔLE
   6. COMMUNICATION
   7. INFORMATISATION
   8. SANTE
 
Ceci expliquant cela, ces huit activités de base me sont apparues tout naturellement comme les fondements de la réforme dont je rêvais pour mon village, mon pays rural et pour mon pays, ses villages et ses pays ruraux .Ces paramètres, je les considère aujourd'hui et en tout état de cause, comme des facteurs primordiaux d'un choix stratégique global
 

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